Patnikovo (bulgarie) – Kardzhali – Smolyan – Nastan – Dospat (bulgarie)
Aujourd’hui dimanche, je me suis accordé un jour de repos, ou presque. Les 36 kilomètres me séparant de la ville de Kardzhali ont été avalés en 2 heures, avec des bonnes suées quand même.
Pour les lecteurs qui me suivent et qui ont de la mémoire, ils se rappelleront que je m’étais arrêté mi-juillet dans cette ville, un peu la capitale des Pomaques, les Turcs de Bulgarie. Ici c’est encore l’Europe mais c’est déjà aussi une ambiance orientale. Belle mixité.
J’ai donc fait une grosse session ordinateur pour publier les articles et essayer de trouver un hôte un Athènes, tâche qui je pense va se révéler très très compliquée, même avec le réseau Warmshowers. J’ai encore 2 semaines, après ce sera la débrouille sur place.
Et puis ensuite j’ai rencontré mon hôte du jour, Pavel, Tchèque. Mais que peut faire un Tchèque dans une ville entourée de montagnes ? Et bien Pavel est freelancer comme on dit maintenant, il est spécialiste informatique et son métier lui donne la liberté de travailler de n’importe quel endroit. Il a juste besoin de son ordinateur. Ici la vie est très abordable. Le loyer de son appartement (t2) lui coûte 115€ par mois, eau et électricité comprises ! De quoi mettre de l’argent de côté et de voyager quand bon lui semble. Dommage que je n’y connaisse rien ou pas grand chose en matière d’informatique.
En attendant, je me suis délesté des légumes offerts il y a 2 jours, c’est que la montagne arrive …
Quelque soit la direction prise, pour quitter Kardzhali, il faut grimper et pour moi cela signifie 700m de dénivelé pour passer le 1er col. La montée se passe sans histoire, les quelques rares villages traversés sont à majorité turc tout comme la 1ère ville après la descente du col.
J’entame alors la montée vers Smolyan et le 2è col par une vallée assez étroite où les rares villages sont tous situés en balcon sur les pentes de la vallée. Par chance j’ai trouvé une fontaine et surtout un abri salutaires pour manger et me protéger d’un orage. Depuis 2 jours je vois régulièrement le long de la route des fontaines (c’est classique) mais des sortes d’espace de pique-nique aménagés par des gens, pour honorer la mémoire d’un proche disparu.
Aujourd’hui je comptais rouler environ 75km et m’arrêter avant la ville de Smolyan mais là encore la vallée est très étroite et les espaces disponibles pour mettre la tente sont quasi inexistants. Au fil de la journée, je m’étais dit qu’il serait difficile de trouver un endroit et le terrain me le confirme , malheureusement.
Je n’ai donc pas eu le choix, il m’a fallut traverser la ville de Smolyan dans toute sa longueur, près de 15 kilomètres. Elle est située elle aussi dans une vallée très étroite, l’espace disponible pour les habitations est restreint et la ville (réunion de 3 villages) s’est étalée dans le vallée. Pour moi un cauchemar, d’autant que les jambes sont très lourdes.
C’est au moment où je commençais à désespérer que j’ai vu un panneau ‘église à 30m’ sur la droite. Le bon plan pour moi. Après avoir demandé aux voisins si cela ne posait pas de souci, j’ai monté la tente sur un carrée d’herbe en toute vitesse, la pluie ayant eu la mauvaise idée de se faire remarquer. Je suis extrêmement fatigué et je sens que ça ne tourne pas rond dans l’estomac. Malgré les efforts fournis aujourd’hui, je n’arrive pas à manger mon plat de pâtes habituel et je me couche dès 20h. Je n’en peux plus.
Quelle nuit mouvementée. Réveillé à 1h30 du matin, je n’ai plus trouvé le sommeil car je n’ai pas arrêté de faire des allers et retours aux toilettes (heureusement qu’il y en avait). Je vous passe les détails. Au réveil, ça ne va pas du tout. L’église est située à 2 pas d’une école, du coup j’ai des jeunes curieux qui tournent autour de la tente, mais ils sont sympathiques, on discute un peu avant qu’ils aillent en cours. La dame de l’église, baba Vaska, arrive à son tour et me propose de me mettre au chaud. Elle m’offre une paire de chaussettes (décidément!) et un survêtement pour me réchauffer.
Toute la matinée, je l’ai donc passée en sa compagnie, ainsi qu’avec les quelques fidèles venus mettre des cierges. Baba Vaska prend soin de moi, me donne à manger ou me prépare du thé. Je n’arrive pas à avaler grand chose, les nausées sont fortes et les allers et retours aux toilettes toujours aussi fréquents. Le pope de l’église me propose de rester un jour pour me reposer mais je décide quand même de partir en début d’après-midi.
Au programme, 10km de montée à un col à 1600m. Ce n’était pas loin du calvaire. Aucun plaisir, j’ai serré les dents, espérant à chaque virage voir la route s’aplanir. En vain. Au bout d’1h45, j’ai vu la lumière et j’ai ensuite profiter de 30km de descente pour avancer. Mais pas pour longtemps. Je me suis arrêté au 1er village dans la vallée suivante qui monte à un autre col. Les jambes ne répondaient plus, même sur le plat. Je me suis installé sur le terrain de foot, du moins ce qu’il en reste, ce n’est pas discret car je suis bien visible mais c’est un tout petit village et je pense que je n’aurai pas de problème durant la nuit.
La nuit a été le copier-coller de la précédente. Au lit dès 20h, et réveil vers 02h. Ensuite je me suis ‘amusé’ à sortir une fois toutes le heures pour me vider. J’ai ensuite sagement attendu que les rayons du soleil atteignent la tente pour me réchauffer et sécher la tente.
Une fois tout séché et nettoyé (et après un petit-déjeuner forcé), j’ai commencé à rouler, assez facile les 10 premiers kilomètres, relativement plats. J’aurais pu les faire hier, il y avait même de la place pour dormir mais dans l’incertitude, «un tiens vaut mieux que deux tu auras ».
C’est ensuite que les choses se corsent, quand la route quittent la vallée pour monter fortement. Dès les premiers mètres, j’ai senti que je n’irai pas loin. Au bout de 4 kilomètres, j’arrête une voiture mais il n’y a pas de place. Cependant le chauffeur m’assure que la montée est bientôt finie. Ça m’a redonné du tonus et effectivement, j’ai pu atteindre le prochain village après une courte descente.
A la sortie du village, rebelote, la route monte fortement et là je n’ai plus rien dans les jambes et plus de souffle. J’arrête un vieux minibus russe et j’arrive à persuader la chauffeur de me prendre en stop. La place, il y en a. C’est bien sûr une fois motorisé que les paysages deviennent beaux mais je n’ai pas de regrets, les 15 kilomètres m’auraient demandés trop d’effort.
Arrivé à Dospat, je vais à la municipalité pour savoir s’il n’y aurait pas une salle communale où je pourrais me reposer. Non ‘il faut aller à l’hôtel et payer’. Je vais ensuite à la mosquée mais je ne croise personne. Pas grave. J’opte pour la solution payante, un hostel à 7€ la nuit. Ça me fait mal au cœur de débourser de l’argent pour dormir,c’est contre mes principes mais aujourd’hui j’ai trop besoin de me reposer. Tant pis.
Le problème depuis 3 jours, c’est que je n’arrive pas à manger et à ce rythme-là, je ne vais pas aller bien loin. Aujourd’hui simplement des flocons d’avoine et des fruits, puis une petite soupe à midi et rien le soir. Je ne sais pas ce que cela va donner demain, j’ai encore 2 cols à franchir avant de quitter les Rhodopes, dont un avec un dénivelé de 900m …
Fontaines de bord de routes… légumes verts plus ou moins cuits… viandes plus ou moins cuites… sont vecteurs d’indispositions en principe passagères réglées avec pansements gastriques, anti-douleur, alimentation féculente et… papier hygiénique. Facile à dire de mon côté, mais très désagréable à vivre du tien ! Malgré tout, tu nous offres encore de bien jolis paysages et témoignages.
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Bonjour
En voyage quand je suis malade c’est the au miel et aspirine. Ces petits jeunes ne m’ont jamais empêché de pédaler. La peur de manquer coupe les jambes bien plus que la faim. Et quand ça ne va vraiment pas j’ajoute dodo, la tente à coté d’eau potable. J’ai ainsi passé quelques jours isolé près d’une rivière en Argentine. Ou 8 Jours à jeuner en Turquie, mais la a l’hotel puis je suis reparti.
Bonne route Pierre
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Salut Pierre
c’est la première fois que cela m’arrive depuis que je suis avec les sacoches. J’ai bu du miel qu’on m’avait offert quelques jours auparavant (une bouteille de 1l !). Il n’y avait guère que cela qui passait, pour le reste … Et beaucoup de repos, dans la tente et cette après-midi dans l’hostel.
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